Geert Verbeke : Senryu ou haïku ?
On m’a toujours dit que, entre l’écrivain et ses lecteurs, il y a une capacité à suggérer: l’émotion reposant sur quelque chose qui n’a pas été dit. Pff…moi je ne comprends pas les hommes de cabinet. Je ne suis pas un rat de bibliothèque. Écrire, c’est respirer profondément et être amoureux de la vie. Le haïku, comme dé à coudre, propose cet art de vivre. Le haïku met l’accent sur ce qui est... maintenant ! Mon but est de nommer mon univers clairement et directement, le nommer pour lui-même. Pour cela j’adore le haïku et le tanka, mais de plus en plus le haiga et le haibun m’attirent. Ce que je ne veux pas oublier, c'est l'esprit du haïku: si mon haïku est efficace avec un appel direct à l'émotion, mais qu'il fait 10 ou 13 syllabes, et bien pourquoi pas? Le format des trois lignes arrangées en 5-7-5 n’est pas obligatoire, ce n’est qu’un guide. J’aime à jongler avec l'ordre des mots, le nombre des syllabes et la longueur des lignes. La règle syllabique n'est pas stricte pour moi. Le haïku est en même temps le miroir de l'intemporel et un jouet pour mon esprit assez remuant. Je me moque des règles ‘trop sérieuses' du haiku... mais je sais, il ne faut pas juger de l'arbre par l'écorce. Le senryu n’existe pas pour moi, je dirai: le senryu est 'identique' au haïku, mais les inventeurs de règlements ont aussi droit à leur bac à sable.
Geert Verbeke