Jean-Louis d'Abrigeon : Concours Mainichi
J'ai participé au grand concours de haïku du journal Mainichi au Japon en 2004 et en 2005 dans lequel j'ai eu la chance d'être le lauréat dans la section internationale avec le tercet suivant :
à contre courant
les chatons de saules escaladent
le vent de la rivière
against the flow
the willow catkins climb
wind from the river
( traduction par Aaron Baldwin )
Le 29 03 2005 dans l'après-midi, je promenais les appareils photos en bandouilère au bord de notre chère rivière Ardèche, près du magnifique Château de Vogüe. Le vent assez-fort ce jour, venait du nord et entraînait les chatons des saules qui bordent la rivière dans la direction du sud. Je remarquais qu'à un certain endroit, tels des électrons libres, ils ne suivaient pas la même voie et avaient une forte tendance à s'échapper vers le haut. Je notais sur la page vierge de mon bloc, ce premier jet. J'avais fait même une faute d'orthographe, (accent circonflexe sur le a de chatons) mais l'image vue était notée assez précisément, et pouvait vivre. Je ne croyais pas beaucoup à ce haïku pour ce grand concours international, mais je savais que c'était une valeur sure, une "image paysagiste" qui pouvait plaire à un jury. J'avais étudié les précédentes résultats sur quelques années, et effectivement c'était porteur.
Celui qui avait ma préférence était :
accrochées à la tonnelle
de vieilles grappes languissent
le troubadour du printemps
Image vue à St. Cirq Lapopie lors d'un voyage dans le Lot en janvier. La tonnelle d'un bar restaurant, (fermé en cette période) avait un aspect curieux. Les vieilles grappes noircies de la récolte passée, pendaient encore lamentablement... J'ai pris une photo de cette ambiance paticulière, mais je l'ai égaré... Ce qui est remarquable dans cette scène c'est que le bar-restaurant s'appelle "Le Troubadour du Printemps..." La boucle ainsi était bouclée... Il n'a pas plu au jury, trop précieux ?
Pour ce qui est du tercet gagnant :"les chatons des
saules..." Le juge Japonais Mr. Toru Haga a noté dans son commentaire :"Le Haïku
semble exprimer la bataille de la vie au printemps, faisant revenir à mon esprit
le "Sakashiranami" de Mokichi Saito" Ayant demandé à un ami de Patrick Blanche
Mr. Delteil qui a vécu et enseigné au Japon; le "Sakashiranami" est l'écume
blanche (les rouleaux) que fait la puissante rivière Mogami se jetant dans la
mer.
En 2004 j'avais envoyé ce tercet : (pas assez révisé)
la vigne jaune
que deux chevaux vendangent
éclaire le ciel bas
Image vue un jour de brouillard au dessus d'Aubenas en novembre : Deux chevaux dans une vigne jaunie se délectaient des quelques dernières grappes. La lumière était magnifique, j'étais en auto sans appareil photo et au volant. J'ai simplement noté ce que j'ai vu, j'aurais du mettre "grappillent" à la place de "vendangent"qui est trop fort.
***
Question de technique, j'utilise un bloc à petits
carreaux 5x5 format 148X210 "001 IDEA" .
Toutes les pages sont partagées en 14
cases identiques.
Une belle image se présente, je la note dans une
case, si je veux la retravailler, je la retravaille dans une autre case, jamais
je n'efface ce que j'ai écris (même mauvais) car il peut y avoir de bonnes
choses pour plus tard...
Un photographe part photographier avec des
pellicules, pour le haïku mes "pellicules", c'est les cases de mon carnet...
Jean-Louis d'Abrigeon
Ardèche